Pandémie grippale et coup de geule

Au Japon, déjà 9 millions de personnes ont eu la grippe H1N1. Depuis le début de l'automne, 65 personnes sont mortes, soit une personne sur 140 000 ayant contracté la maladie (Source : Institut National des Maladies Infectieuses).4,5 millions de personnes se sont déjà fait vacciner. C'est beaucoup comparé aux 1,5 millions en France. Mais ici, ils ont commencé un peu plus tôt. 

A titre d'exemple, Etini et Maelis, étant donné leur historique de crises d'asthme, ont eu accès au vaccin il y a deux semaines malgré leur âge. La vaccination était en effet réservée aux nourrissons et enfants de moins de 6 ans dans une première phase, mais il y a dérogation pour les groupes "à risque" dont les asthmatiques font partie. Elles sont allées chez le pédiatre qui les suit habituellement. Une organisation de crise avait été mise sur pied dans son cabinet, avec des RV toutes les 5 mn dédiés au vaccin uniquement, et des heures d'ouverture prolongées en soirée de façon exceptionnelle. C'était possible car d'habitude il ne termine pas à 20h comme les généralistes en France, mais à 17h30 (vus les tarifs qu'il prend, il peut se permettre de travailler moins !) En principe, elles devraient avoir une deuxième injection, ma is on n'a pas pu me donner RV car les doses de vaccin ne sont pas livrées en quantité suffisante, et la liste d'attente des enfants qui n'ont même pas eu encore leur première injection est longue. Donc tout n'est pas parfait ici non plus.On ne sait pas combien coûtera l'opération au contribuable.

A titre de comparaison, la grippe saisonnière avait fait 600 morts dans l'hiver 99-2000 et 1360 morts dans l'hiver 98-99 au Japon. Les proportions doivent être semblables dans tous les pays de l'OCDE. Alors, le foin autour de la grippe H1N1 est-il vraiment justifié ? On peut légitimement se poser la question.

Mais quand j'entends la tonalité générale des commentaires sur la campagne de vaccination en France, je suis perplexe. Peut-on reprocher à un gouvernement de prendre des mesures de protection de ses citoyens ? Peut-on lui reprocher de prendre la décision de mettre en oeuvre un large plan de vaccination, car au moment ou la décision a été prise, souvenez-vous, le nombre de morts étaient très importants au Mexique, dans le pays foyer de l'infection, et aux USA, pays voisin. On ne savait pas vraiment ce que ça pouvait donner, une telle pandémie. Alors, fallait-il attendre et constater les dégâts, impuissants à agir ? Quelles n'auraient pas été les critiques alors !

Peut-on reprocher à ce même gouvernement d'essayer d'organiser cette protection tout en songeant au coût ? Dans quelle société vivons-nous, où chacun considère que tout lui est dû sans jamais être prêt à ne faire aucun effort sur rien ?

Quand j'entend Nicolas Demorand s'étonner que le médecin qui le vaccine ne lui donne pas le choix de la marque du vaccin. Quand j'entends les gens râler parce que les gymnases sont bondés et qu'ils ont du faire la queue. Alors c'est vrai, ça aurait été tellement plus confortable d'aller se faire vacciner chez son médecin de famille. Au prix de quel gaspillage de doses non utilisées à la fin de la journée? Et quelle garantie d'avoir accès au cabinet, en cas d'affluence ? Avec les gymnases, on attend, certes, mais on est sûr d'être vacciné. Au pire, on revient le lendemain. Est-ce que cela aurait été possible dans le cabinet des généralistes ?

Les gymnases étaient vides jusqu'à la semaine dernière, pourquoi ne sont-ils pas aller se faire vacciner plus tôt ? Avoir le choix du vaccin, faut quand même pas exagérer ! Vu de loin, ces réactions - toujours négatives, toujours critiques- sont difficiles à admettre. En France, les citoyens ont la chance d'accéder massivement au vaccin, gratuitement. Ne peuvent-ils supporter les petits désagréments engendrés par l'organisation d'une vaccination d'une telle ampleur ? Je déteste ce réflexe que j'hésite à qualifier : enfant gâté ? client roi? alors que là, nous ne sommes pas dans le champ de la consommation, mais de la santé publique !

Essayons pour une fois, tous clivages politiques mis de côté, d'apprécier ce qui a été fait au lieu d'exiger toujours plus.