Préférer l'ancien au moderne

Plus personne n'habite dans la maison d'en face. La végétation y est triomphante. De temps en temps, des employés bougons de l'EDF locale viennent couper à grand coups rageurs de tronconneuse les branches qui dépassent.  Les voisins louchent en coin, l'air désapprobateur, sur cette maison qui leur faire honte. Elle dénote parmi les maisonnettes manucurées de ce quartier qui se veut huppé. Deux tuiles se sont envolées lors du dernier typhon. Une maman chat et ses deux chatons ont élu domicile dans le jardin, sur un vieux fauteil défoncé. La boîte aux lettres dégorge de prospectus gondolés d'humidité. Sur ses toits a peine en pente, les corbeaux sautillent . Moi j'aime son désordre. Son naturel. Ses avant-toits tarabiscotés dans un pays qui préfère les lignes austères. Sa vigne vierge folatre qui me rappelle certains murs de ferme, la-bas, dans la vieille Europe. Et je prie pour que les héritiers ne soient pas trop pressés de la raser.