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14 mai 2010

Discipline et liberté

"Voici une autre objection facile pour les partisans de l'école commune : comment obtenir la discipline dans une école d'enfants libres de se mouvoir (*)?

Certes, nous avons une conception différente de la discipline ; la discipline doit , elle aussi, être active. N'est pas discipliné un individu rendu artificiellement silencieux et immobile comme un paralytique. C'est un individu anéanti, non discipliné.

Nous appelons discipliné un individu qui est maître de lui et qui peut, par conséquent, disposer de lui-même , ou suivre une règle de vie. Cette discipline active n'est pas facile à obtenir ; mais elle contient en elle un principe élevé d'éducation ; c'est bien autre chose que la condamnation à l'immobilité.

Il est nécessaire que la maîtresse ait une technique spéciale pour conduire l'enfant à une telle discipline ; mais il marchera ensuite toute sa vie dans cette voie, avançant toujours vers un but de perfection.

[....]

Sa liberté doit avoir comme limite l'intérêt collectif et comme forme ce que nous appelons l'éducation des manières et des gestes. Nous devons donc interdire à l'enfant tout ce qui peut offenser autrui, et donc lui nuire, tout ce qui prend l'allure d'un geste laid ou grossier. Mais toute manifestation ayant un but utile, quelle qu'elle soit, et sous quelque forme qu'elle se présente, doit lui être permise .

[....]

Une classe où tous les enfants auraient une activité utile, intelligente et consciente, sans manifester aucune impolitesse, me paraît une classe bien disciplinée."

Maria Montessori, Pédagogie scientifique, Vol. 1

_cole_1900

(*) A l'époque où Maria Montessori commence ses recherches sur la pédagogie, le maître était le dispenseur du savoir, versant la connaissance dans le crâne des enfants. Pour cela, il fallait que les enfants se tiennent le plus tranquille possible. Il fallait par tous les moyens, croyait-on, les contraindre à l'immobilité, à l'attention forcée. L'anthropologie a même aidé à l'époque, à mettre au point un banc d'école, véritable instrument de torture selon Maria Montessori, qui obligeait les enfants à un maximum d'immobilité  : le bloc siège-pupitre. Les deux éléments étaient à distance fixe, calculée pour éviter la scoliose aux enfants (!) . Le marche-pied et le pupitre étaient disposés de façon à ce qu'ienfant ne puisse jamais se mettre debout ; on alla même jusqu'à séparer les sièges, de façon à ce que l'enfant ne puisse faire aucun mouvement latéral. Comme si le mouvement était forcément synonyme de désordre, d'animalité, et que contraindre à l'immobilité était le signe de la civilisation, premier pas sur le chemin de l'éducation ...

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