Faire

Faire une pizza. Faire du pain. Gonfler la roue de son vélo. Faire une cabane. Faire un origami. Faire une maison en papier. FAIRE.

Et voir le résultat concret de ses efforts. Etini adore. En a besoin. Un besoin vital. Elle, elle le sait. Elle snobe le Kitchen Aid, qui lui vole cet étape précieuse : le moment ou elle fait, de ses mains. Elle est comme ces sages Zen, comme ces maîtres de thé, qui savent bien qu'il n'y a pas que le résultat qui compte, mais aussi le chemin qu'on emprunte pour y arriver. Comment se fait-il qu'une enfant de 9 ans sache que le plaisir du pain réside avant tout dans le temps passé à le pétrir soi-même, sans faire appel à des machines pour "gagner du temps"？Et que tant d'adultes (à commencer par moi) aient tendance à oublier l'importance du FAIRE ?

Maria Montessori insiste dans sa méthode d'apprentissage sur le lien fort, indispensable selon elle, des enfants au concret, à la nature. Elle valorise le toucher, même dans l'apprentissage de la lecture : les enfants commencent par suivre avec les doigts le tracé des lettres recouvertes de sable, comme du papier émeri. Pareil pour le calcul : ils prennent en mains des billes, constatent qu'on peut en faire des barrettes de 10, que 10 barrettes de 10, ça fait un carré qui représente la quantité 100, etc, etc ... Ensuite seulement viendra la mémorisation plus abstraite, qui passe par l'intellect. Mais la première étape, c'est le corps, la mémoire tactile, presque animale.

Je ne sais pas exactement l'expliquer, mais il me semble qu'il y a la une communauté de vue avec la recherche d'harmonie dont parlait Yoshihama Sensei, lors de la cérémonie du thé. Ne pas perdre le lien avec notre part terrestre, au risque de se couper de soi-même. Et là, je pense par exemple fortement aux traders qui jonglent à longueur de journée avec de l'argent si dématérialisé qu'il n'est plus ni métal, ni billets, ni chèque, mais une simple écriture électronique ....